dimanche 14 avril 2013

Anthony Suter lit Samuel Becket...

 What is the word… Comment dire… Beckett et la langue maternelle

Solitude, un gallicisme
Tu dis toujours solitude,
qui est une attitude
philosophique et poétique,
quand tu veux dire esseulement.
C’est toutes ces années en France.

Qu’il soit lui-même bilingue ou pas, le critique beckettien se trouve confronté au phénomène du bilinguisme de l’auteur irlandais, qui a travaillé dans le sillon creusé par son aîné multilingue, l’exilé James Joyce. Si l’on fait appel à une analyse psycho-linguistique simpliste mais juste, Samuel Beckett paraît renier sa langue maternelle dans le but de se détacher de sa mère, personnage moralement et spirituellement étriqué, pudibond et tyrannique à l’image de l’Irlande d’entre-guère. Beckett se refuse au cours de nombreuses années un recours à la langue dont il a la maîtrise naturelle pour pratiquer une langue (en l’occurrence le français) devenue sa maîtresse. Il est possédé par ces deux langues plus qu’il ne les possède. Ainsi son français, autant dans les œuvres écrites initialement dans cette langue que dans les ‘versions’ françaises d’œuvres rédigées d’abord en anglais, se présente parsemé d’anglicismes ; et quand Beckett revient à la langue anglaise, celle-ci se trouve criblée de gallicismes. Beckett revisite sa langue maternelle essentiellement à partir de Happy Days (Oh, les beaux jours) en 1961. A partir de là, la figure de la femme est réintégrée dans son œuvre. Peu à peu suit une série de textes brefs et de courtes pièces, qui explore la figure maternelle dans ses diverses manifestations : par exemple, les rapports Mère/Fille dans Footfalls (Pas) en 1975 et le rythme de la matrice dans Rockaby (Berceuse) en 1980.

Pour le coup
Un certain temps
temps incertain,
en France, s’entend,
s’exprime pas mal
non pas Dublin
où autiste materné
devint artiste aliéné

A.S., janvier 2013




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