mercredi 9 septembre 2009

Lecture / Ghérasim Luca

La cie Les Insomniaques vous propose, en amont du spectacle L'écho du corps (du 30 septembre au 3 octobre au Hangar) une lecture de textes de Ghérasim Luca.
Ce sera le vendredi 18 septembre à 19 heures à la librairie.

Ghérasim Luca est un poète roumain et un théoricien du surréalisme, né à Bucarest en 1913.
Dès l’adolescence, comme il le souligne lui-même dans une brève note biographique, il se choisit un nom et un égarement.
Il a déjà l’intuition que son pays, c’est son corps ; que son identité, c’est sa voix.
Après plusieurs ouvrages écrits en Roumain, il décide de ne plus écrire qu’en Français.
Refusant toute appartenance, il se refuse à toute nationalité (il parle le Roumain, le Français, l’Allemand, le Yiddish).
Il vit ainsi à Paris pendant quarante ans sans papiers d’identité. Il se jette dans la Seine le 9 février 1994.
« Il m’est difficile de m’exprimer en langage visuel, il pourrait y avoir dans l’idée même de création quelque chose qui échappe à la description passive, telle qu’elle découle nécessairement d’un langage conceptuel. Dans ce langage qui sert à désigner des objets, le mot n’a qu’un sens ou deux, et il garde la sonorité prisonnière. Qu’on brise la forme où il s’est englué, et de nouvelles relations apparaissent. La sonorité s’exalte, des secrets endormis au fond des mots surgissent. Celui qui les écoute est introduit dans un monde de vibrations qui suppose une participation physique simultanée à l’adhésion mentale. Libérez le souffle, et chaque mot devient un signal.
Je me rattache vraisemblablement à une tradition poétique, tradition vague et de toute façon illégitime. Mais le terme même de poésie me semble faussé, je préfère ontophonie. Celui qui ouvre le mot ouvre la matière, et le mot n’est que le support matériel d’une quête qui a la transmutation du réel pour fin. Plus que de me situer par rapport à une tradition ou à une révolution, je m’applique à dévoiler ma résonance d’être.
La poésie est un silensophone. Le poème, un lieu d’opération. le mot y est soumis à une série de mutations sonores, chacune de ces facettes libère la multiplicité de sens dont elles sont chargées. Je parcours aujourd’hui une étendue où le vacarme et le silence s’entrechoquent, où le poème prend la forme de l’onde qu’il a mise en marche. Mieux, le Poème s’éclipse devant ses conséquences.
En d’autres termes, je m’oralise. M apostrophe. »

Ghérasim Luca

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